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Parole de psychologue : comment protéger mon enfant des violences sexuelles ?

  • Parole de psychologue : comment protéger mon enfant des violences sexuelles ?

Au cours de ces dernières années, le nombre déclaré d’enfants victimes d’abus sexuels a connu une évolution. Une étude rétrospective descriptive et analytique a d’ailleurs rapporté que des experts psychiatriques ont échangé avec 53 enfants victimes de violences sexuelles dont 64,2% sont des filles. Leur âge moyen est de 10 ans. En France par exemple, l’Office des mineurs indique que toutes les trois minutes, un enfant est victime de violences sexuelles. Comment alors sensibiliser nos enfants sans les inquiéter et quels moyens leur donner pour se protéger contre d’éventuels abus ?

 

Les risques que nos enfants encourent

 

La réponse nous vient de la psychologue clinicienne Joana Smith, qui a livré son expertise dans son livre « Protéger son enfant des violences sexuelles ». Elle se confie dans une interview au Le Figaro Madame, à propos des risques les plus fréquents que les enfants encourent. Elle explique, en effet, qu’en fonction de leur âge, les risques varient. Par exemple, en ce qui concerne les moins de 5 ans, il est davantage question de risques au sein de la famille et de ses membres.  En revanche, à partir de l’âge de 6 ans, les risques sont partagés entre l’univers scolaire et extrascolaire et celui familial. Si cette période est plus intéressante qu’une autre c’est parce qu’elle est marquée par le commencement des activités ainsi que la nudité dans certains endroits tels que les vestiaires. Puis, le risque devient plus important lorsque l’enfant aborde la période de l’adolescence à son contact avec l’extérieur. C’est d’ailleurs une phase où le harcèlement sexuel prend plus de place.

 

Comment savoir si mon enfant est victime de violence sexuelle ?

 

La psychologue explique qu’il existe un certain nombre de signes annonciateurs qui peuvent alerter sur un risque d’abus sexuel. Il est question d’une proximité inappropriée avec un adulte aussi bien physique que psychique et qui révèle également une familiarité trop importante entre les deux parties. Cela peut s’illustrer par le fait que bien que la rencontre vienne de se produire, l’adulte peut prendre l’enfant sur ses genoux et lui pose des questions dites intrusives. Cela peut être une sorte de test que l’adulte fait passer à l’enfant afin qu’il puisse savoir ce qu’il peut tenter avec lui. De plus, le présumé agresseur peut combler sa victime de cadeaux ou encore de privilèges. La dépendance affective, financière ou hiérarchique peut également être des brèches que l’adulte va exploiter pour profiter d’une situation de faiblesse de l’enfant.

Y a-t-il des symptômes révélateurs d’agression sexuelle ?

 

La psychologue précise que oui mais ils varient en fonction des âges. Il est possible d’identifier certaines affections courantes mais non spécifiques, telles que des troubles liés à la dépression, à l’anxiété ou des cauchemars. On peut noter une régression chez le jeune enfant : un enfant qui était propre ne l’est plus, qui se réveille durant la nuit, par exemple. Le symptôme sexuel – un enfant qui se masturbe de manière compulsive ou qui emploie des expressions sexuelles qu’il n’est pas censé savoir, par exemple, peut susciter des questions. Bien que cela ne veuille pas dire nécessairement qu’il a été abusé. En règle générale, tout comportement qui apparaît de manière soudaine soulève la question d’un possible traumatisme. Les troubles sont liés à ce que le système nerveux de l’enfant perçoit.

 

En tant que parent, comment réagir et protéger mon enfant ?

 

Le plus important est de ne pas verser dans la psychose. Il est important que comprendre que tout notre entourage n’est pas forcément composé d’agresseurs potentiels. Cependant, il existe certains éléments de vigilance qu’il faut connaître. Joana Smith préconise à cet effet, l’écoute attentive des parents de leur enfant tout en se fiant à leur ressenti. Lorsqu’une sensation de malaise se produit en la présence d’un adulte au contact de l’enfant, il faut s’y intéresser. Puis, si un adulte adopte un comportement agressif ou hostile vis-à-vis de l’enfant en le considérant comme un rival, peut être un signe d’alerte.

 

L’exercice gratuit d’un besoin de contrôle et de domination par l’adulte sur le mineur peut également éveiller des soupçons. Par ailleurs, chez les adultes qui éprouvent une attirance sexuelle pour les enfants, nous observons souvent ce que nous nommons « une congruence émotionnelle » avec le mineur, c’est-à-dire une préférence pour l’univers des enfants ou des adolescents. Il s’agit par exemple d’adultes qui ne se comportent pas en adultes lorsqu’ils sont parmi des enfants, mais projettent plutôt l’image d’un enfant au milieu d’autres. Ils ont l’impression de rester des adolescents dans un corps d’adulte. De plus, lorsqu’ils passent à l’acte, ils le minimisent et se le visualisent comme une action entre deux adolescents.

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